« On se lève et on se casse ! »
Soumis par Magalie Marques le jeu, 01/04/2021 - 15:58Juliette, jeune campinoise de 22 ans, joue au rugby depuis sa plus tendre enfance. Sur les traces de son père et de ses trois frères, elle devient rugbywoman au RSC Champigny rugby puis éducatrice sportive. Elle nous parle des stéréotypes présents dans le monde du sport et laisse un message fort à toutes les femmes : « soyez qui vous voulez ! ».
Depuis quand joues-tu au rugby ?
Je baigne dans le rugby depuis toute petite. J’ai commencé à jouer à l’âge de 8 ans en suivant les traces de mon père, entraineur dans le club et mes trois frères qui y jouaient !
On peut dire que le rugby est toute ma vie ! Il nous rapproche beaucoup dans la famille, il y a un lien très fort qui nous unie, renforcé par cette passion commune.
Qu'est-ce que t'apporte le rugby ?
Le rugby c’est toute ma vie ! C’est simple, je ne peux pas vivre sans. Même quand je ne joue pas, je suis obligée de suivre l’actualité car cela me plaît et me procure du plaisir. De plus ça m’apporte un sentiment d'appartenance vis-à-vis de Champigny, qui fait partie de ma vie tout comme mon équipe, ce sont mes sœurs ! Je me sent bien quand je joue, quand je m’entraîne et quand je donne aux autres ce que j’ai appris !
Ça été dur de commencer à jouer en tant que femme ?
Je n’ai pas trouvé cela difficile en étant petite car on est plus à l’abri. C’est en grandissant que j’ai fini par comprendre certaines choses et à les assimiler. J’ai compris que beaucoup de personnes n’acceptaient pas qu’une fille puisse jouer au rugby et que c’était même mal vu ! Heureusement, cela commence à changer doucement avec la médiatisation même s’il reste beaucoup à faire…
Pourquoi cela dérange ?
J’ai déjà échangé sur ce sujet, surtout avec des hommes, assez buttés dans leur idée de départ. Ce qu’on me dit le plus souvent c’est qu’une fille ne devrait pas se prendre de coups, car une femme représente la douceur. C’est comme si, on utilisait une « énergie d’homme » dans le rugby ! Une femme qui joue au rugby ne rentre pas dans cette image de la féminité qui est profondément ancré dans notre société. C’est pour cela que moi et mon équipe, on essaye d’apprendre à définir notre propre féminité, avec notre point de vue et pas celui des autres.
Quels sont les clichés les plus rependus au sujet des rugbywomans ?
Il y a pas mal de clichés qui tournent autour des joueuses de rugby, comme dans tous les autres sports masculins je dirais ! Les clichés qui reviennent souvent se posent autour de l’orientation sexuelle, du physique, de cette image de « garçon manqué », de notre façon de s’exprimer oralement, et même sur la coupe de cheveux…
Pour aller contre tout ça, je peux assurer que ce qui est top dans le rugby, c’est qu’on est toutes différentes ! Grandes, petites, minces, rondes… tout le monde joue ensemble ! Il n’y a pas de normes !
En plus d’être rugbywoman, tu es éducatrice sportive...
Oui éxactement ! Je suis éducatrice sportive pour les Baby rugby, une nouvelle initiative qui a été mise en place récemment. Les petits ont 3 à 4 ans et jouent en équipe mixte, ce qui est très bénéfique pour plus tard ! Il faut savoir que les équipes de rugby sont mixtes de 3 à 14 ans. J’entraîne également les cadets, l’équipe des – de 16 ans garçons. Honnêtement, on ne m’a jamais reproché quoi que ce soit juste parce que je suis une femme et que je les entraîne, et puis ils me connaissent depuis qu’ils sont petits pour la plupart ! Ils me demandent même des conseils pour impressionner les filles, je suis un peu comme une grande sœur, une tutrice…
Cependant, je pense que cela pourrait être plus dur si je devais encadrer dans une autre ville, je ne sais pas si j’aurais été aussi bien acceptée par les joueurs mais aussi par les parents. Il y a peut-être quelque chose à faire de ce côté...
Quels sont tes objectifs ?
J’ai toujours voulu travailler dans le monde du sport, j’ai effectué des études pour devenir éducatrice de rugby et plus tard, j’aimerais bien tenter d’autres sports pourquoi pas ? Du moment que je reste dans le sport !
Un mot pour la fin ?
J’aimerais dire à toutes les femmes : soyez qui vous voulez, ne suivez pas le regard des autres, vivez votre vie comme vous le voulez, habillez-vous comme vous le voulez et je finirais par cette citation bien connue de Adèle Haenel, que j’aime beaucoup et qui résume ma pensée… « On se lève et on se casse » !
Par Magalie Marques