Durant la Seconde Guerre mondiale, Champigny abritait plusieurs groupes de Résistants, avant de devenir le terrain d’une importante bataille pour la Libération du territoire le 25 août 1944. Retour sur le destin de huit hommes qui se sont illustrés dans la Résistance campinoise, avant d’y laisser leur vie.
Jack Gourevitch, Résistant de la première heure
Communiste et résistant, Jack Gourevitch participe activement à la propagande clandestine en tant que responsable de la cellule André Marty à Champigny. Interné en octobre 1941 à Drancy, il est fusillé comme otage au Mont-Valérien le 15 décembre 1941, lors de l’exécution de 70 résistants, dont 53 Juifs transférés du camp de Drancy.
Auguste Taravella, premier saboteur campinois
Né en Italie, Auguste Taravella émigre en France avec ses parents. Il fréquente l’école primaire de Nogent et y passe son certificat d’études, avant d’apprendre le métier de menuisier. Il repart ensuite en Italie, où il combat durant la guerre de 1914-1918. De retour en France, il adhère au Parti communiste français et ouvre un atelier de menuiserie au 22 rue Jules-Ferry à Champigny, qui devient plus tard le siège local du Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France, mouvement de la Résistance intérieure créé par le Parti communiste français. Le 11 avril 1941, Auguste Taravella réalise le premier acte de sabotage de la Résistance à Champigny en mettant le feu à un train de marchandises au niveau de la rue du Tunnel (actuel quartier du Plateau). Il participe également à la réalisation du journal clandestin Le Patriote campinois. Il est arrêté le 23 juillet 1943 par la police française à Champigny. Condamné par un tribunal allemand pour « acte de franc-tireur et aide à l’ennemi », il est fusillé au Mont-Valérien le 23 octobre 1943.
André Ohresser, tué le drapeau blanc à la main
Commerçant d’origine alsacienne installé à Nogent, André Ohresser est mobilisé en 1940 avant d’être rapatrié en raison de la santé de son épouse. Il s’engage ensuite dans le mouvement de Résistance intérieure Libération Nord au contact du groupe Franklin de Champigny, avant de créer le groupe de Nogent (la « section bleue ») de Libération Nord. Après la fusion des principaux groupements militaires de la résistance intérieure en 1944, André Ohresser est intégré comme lieutenant dans le 1er régiment FFI (Forces française de l’intérieur) zone Est. Le 23 août, quelques jours après avoir rejoint le groupe Franklin à Champigny, André Ohresser est tué par balle explosive dans la rue des Ormes. Muni d’un drapeau blanc, il tentait d’obtenir, en parlant allemand, la reddition des soldats de l’armée allemande. Déclaré « Mort pour la France », il a donné son nom à la rue des Ormes, aujourd’hui baptisée rue du Lieutenant-André-Ohresser.
Jean Savu, Franc-Tireur et partisan
Ébéniste à Joinville, Jean Savu demeure à Champigny dans le quartier du Maroc. Militant communiste, il intègre les FTP (Francs-Tireurs et Partisans). Arrêté le 23 juillet 1943 par la police française dans l’atelier d’Auguste Taravella, il est interné à la Santé puis transféré à Fresnes. Il est condamné par le tribunal allemand le 15 octobre 1943 et fusillé le 23 octobre au Mont-Valérien.
Eugène Brun, combattant au sein des Forces Française Intérieures
Tourneur mécanicien de métier, le Campinois Eugène Brun combat dans la troisième compagnie du premier régiment des FFFI, zone Est. Il est tué par un tir allemand pendant la libération de Champigny le 25 août 1944, sous le pont de chemin de fer de la ligne Paris-Est.
Robert Birou, mort au combat
Bûcheron campinois, Robert Birou est membre du mouvement de résistance Libération Nord dans le groupe Franklin, puis du 1er régiment des FFI zone Est. Participant aux luttes pour la libération de Champigny, Robert Birou est tué par balle le 25 août 1944, sur le talus de la voie ferrée de la ligne Paris-Belfort (actuelle ligne RER E), à la hauteur de l’usine de gaz (à l’emplacement actuel de l’Intermarché). En 1946, il est déclaré « Mort pour la France ».
Jean Bos, l’infirmier qui a donné sa vie
Campinois, Jean Bos est infirmier à la Croix-Rouge. Il appartient à la 12e compagnie du 1er régiment des Forces françaises de l’intérieur, zone Est. Pendant la Libération de Champigny, le 26 août 1944, il est tué par balle au sentier des Mogatons, alors qu’il se porte au secours d’un blessé près du fort de Champigny. Cet acte de bravoure conduit à le déclarer « Mort pour la France ».
Roland Martin, l’intrépidité de la jeunesse
Marchand forain campinois, Roland Martin appartient au groupe Libération Nord puis au 1er régiment FFI zone Est, 3e compagnie. Blessé mortellement le 25 août 1944 à Joinville tandis qu’il tente de capturer un soldat allemand, il meurt à l’hôpital de Créteil le 28 août à l’âge de dix-huit ans, avant d’être déclaré « Mort pour la France ».
Par Sophie Cormeray
Sources : Archives municipales