Rencontre hors cadre avec le philosophe Diego Vernazza. Récemment, des écoliers de Champigny ont jonglé avec les mots au sein d’ateliers insolites, co-animés avec l’artiste de cirque Eleonora Gimenez.
À quoi ça sert la philo ?
Pratiquer la philo, c’est former son esprit critique. Tu apprends à réfléchir par toi-même, à avoir tes propres idées. Tu peux faire tes choix librement. On est tous philosophes, surtout les enfants qui sont curieux et qui se posent beaucoup de questions sur ce qui les entoure. Les adultes ont des réponses à tout ; les enfants, eux, sont obligés d’imaginer. En tant prof de philo, j’ai voulu développer des propositions pédagogiques originales pour eux.
Les ateliers philo-cirque, késako ?
C’est un projet totalement atypique adressé aux enfants, que nous avons imaginé à deux avec Eleonora. On lie la pratique du cirque et de la philosophie, pour donner envie aux enfants de se questionner avec le corps. Le but du jeu : faire un va-et-vient entre le corps et l’esprit, c’est-à-dire entre une activité physique et le cercle de paroles, pour comprendre autrement le monde qui nous entoure. Nous nous posons la question du réel, du « moi », du « nous »… Les enfants ont la parole pour de vrai, et il vivent l’expérience de leurs pensées en bougeant.
D’où vous vient cette idée insolite ?
C’est le fruit de notre rencontre avec Eleonora en 2014 pour la création du spectacle LUGAR, de la Compagnie Proyecto Precipicio. Un spectacle qui marche sur une corde, et sur les mots aussi, pour chercher l’équilibre. Ça nous a inspiré… Le premier stage a été réalisé en 2017 à l’Académie Fratellini, à Saint-Denis, où Eleonora enseigne. Depuis, nous en avons animé de nombreux autres dans toute l’Ile-de-France. Notamment à Champigny en mai et juin derniers, auprès des élèves de primaire d’Anatole-France et de Jacques-Solomon, inscrites au projet des Cités éducatives*.
En résumé, que du bonheur pour les petits penseurs ?
En se posant de grandes et de petites questions, les enfants s’éveillent au monde. Ils arrêtent de répéter ce qu’on leur dit et ils pensent par eux-mêmes. Totalement libres de s’exprimer physiquement et intellectuellement, ils gagnent en confiance en eux. Leurs enseignants sont unanimes : les résultats en classe s’améliorent de façon impressionnante. Et ce n’est qu’un début, j’invite les jeunes penseurs à aller encore et toujours plus loin… Soyez vous-mêmes !
* Label d’excellence national visant à offrir aux enfants des quartiers prioritaires une éducation de qualité sur le temps.
(Lire article dans le magazine municipal Champigny notre ville de juillet-août 2021)
Par Sandrine Becker