Rabia est éducatrice sportive pour les équipes féminies junior au sein du Champigny Football Club 94 (CFC94), elle est également joueuse dans l'équipe féminine sénior. Sportive depuis toute petite, elle souhaite transmettre à ses athlètes tous les outils pour réussir dans la vie et combattre les stéréotypes présents dans le monde du sport avec un message fort : « Soyez combatives, vous en êtes capables ! »
Vous jouez depuis combien de temps ?
Le sport a rythmé mon enfance ! Je jouais dans un club de football féminin du quartier où je vivais, je pratiquais le kickboxing et je jouais également dans l’équipe de handball de Casablanca avec qui j'ai gagné un championnat du Maroc en 1994.
J’ai arrêté de jouer pour me consacrer à mes enfants mais depuis que je suis éducatrice je revis un peu !
J’ai quatre enfants dont deux filles de 9 et 10 ans que j’entraine personnellement au football.
Depuis quand êtes-vous éducatrice sportive pour le club ?
Je suis éducatrice sportive depuis quatre ans environ au sein du CC94. J’ai été repérée car en attendant mes enfants, je touchais un peu le ballon de mon côté et c’est comme ça que les éducateurs m’ont approché et m’ont proposé de devenir éducatrice, dans le but d’ouvrir une équipe féminine ! Je suis vraiment contente car avant mon arrivée, il n’y avait pas de section féminine à Champigny. Maintenant il y a une section sénior et junior qui va de 6 à 14 ans.
Au tout début, j’ai formé l’équipe sénior, donc j’ai fait le tour des terrains pendant les entrainements, j’ai commencé à parler aux mamans présentes et l’équipe s’est formée petit à petit ! On a même participé aux championnats départementaux, c’était vraiment super.
Ce qui me pousse à continuer ce sont de voir les filles et les femmes s’amuser autour du ballon. Il y a même certains parents qui me disent que si je pars, il n’y aura plus de section féminine, alors je reste ! C’est un peu une famille maintenant !
Quels sont les clichés les plus courants sur les joueuses de football ?
Une phrase qui revient souvent sur le ton de l’humour : « Ta place est en cuisine pas sur les terrains »…
On nous dit aussi que les femmes ne sont pas faites pour le football, que c’est nul par rapport aux foot masculin. On n’a pas de reconnaissance malheureusement, il faudra toujours prouver quelque chose…
Il y a beaucoup moins d’intérêt pour le sport féminin. C’est pour ça que me bats pour qu’il y ai plus d’égalité, pour qu’on puisse avoir le même matériel que les équipes masculines, qu’on puisse avoir les mêmes chances.
Mon plus grand regret est que certains parents sont capables de se donner à fond pour leurs fils, les emmener dans des clubs assez éloignés, prendre du temps dans leurs emplois du temps, mais pour les filles c’est une autre histoire, ils sont moins motivés et donc, très souvent, les filles ne continuent pas et mettent un point d’arrêt à leur carrière.
Ça commence à évoluer positivement ?
Oui ! Heureusement, il y a la médiatisation de la dernière coupe mondiale féminine, on a beaucoup plus de jeunes filles qui veulent s’inscrire. Je vois de plus en plus de filles volontaires qui ont envie de poursuivre et devenir de grandes joueuses !
Il y a aussi pas mal de parents qui viennent encourager les filles, les sessions d'entraînement ont maintenant plus de public ainsi que les matchs, il y a un intérêt grandissant et c'est très bien.
Que faites-vous pour encourager les petites filles du club ?
Je suis allée petit à petit la première année, on faisait des tests lors des entrainements puis j’ai commencé à voir que les filles gagnaient en confiance ! J’ai fini par proposer des matchs contre les équipes masculines. Les filles ont au début montré un peu de réticence puis quand elles ont gagné leur premier match, elles étaient tellement fières de voir qu’elles étaient capables que maintenant elles n’hésitent plus face aux garçons !
J’essaye de leur passer un message : Il ne faut pas se laisser faire, il faut se battre ! Vous en êtes capables ! Être une fille ne veut pas dire qu’on est nulles !
Ça vous apporte quoi d’entraîner les joueuses ?
Je m’épanouis énormément, c’est quelque chose que j’aime faire, je suis fière et j’aime ce côté humain, être avec les filles, tisser des liens familiaux, voir les petites jouer et grandir.
Quand je vois les filles jouer, être heureuses, ça me fait beaucoup de bien ! Même quand je suis fatiguée ou malade, j’essaye toujours d’assurer mes cours avec elles car je suis si fière de les coacher.