Tous « Azimut »
Soumis par Sophie Durat le lun, 16/09/2019 - 11:15Rencontre avec Eric Lecomte, fondateur de la Compagnie 9,81 et créateur d’ « Azimut », le spectacle présenté en clôture du Festival Cour & Jardin, samedi 28 septembre à 20h30. Une création qui marie cirque d’apesanteur et danse d’escalade, déjà vu dans le monde entier. Epoustouflant
Azimut est un spectacle de danse verticale, de quoi s’agit-il ?
Eric Lecomte : Azimut est une proposition de danse qui explore les verticales ; un spectacle à la croisée des arts circassiens de la danse et de l’escalade. Les artistes travaillent avec des élastiques et des cordes, attrapent l’apesanteur et évoluent comme en suspension, sur l’aplomb d’une paroi, d’un mur, d’une bâche verticale. En plus de la danse, le spectacle marie la peinture et la musique. Une artiste plasticienne colore et crée en direct des palettes graphiques rétroprojetées sur la façade. L’ensemble est accompagné par une partition originale écrite et jouée au piano par Gerardo Jerez Le Cam. Avec « Azimut », on transporte les spectateurs dans un univers organique et onirique, dans une poésie de l’apesanteur, colorée et musicale…
C’est une grosse production ?
EL : Effectivement ! Ce spectacle a été joué à travers le monde, encore récemment, il était dans la programmation ‘in’ du Festival Chalon dans la rue. A Champigny, cette même version longue de 45 minutes sera présentée avec trois danseurs, deux plasticiens accompagnés du concertiste. Techniquement, il n’était pas possible d’accrocher les danseurs sur la façade. Ils vont donc évoluer sur un support bâche qui sera monté au préalable. Les curieux pourront passer nous voir, car nous serons au montage de l’installation dès le vendredi au gymnase Auguste-Delaune !
Cirque d’apesanteur et danse d’escalade, d’où vous viennent ces inspirations ?
EL : Je suis né à Fontainebleau, j’ai passé beaucoup de temps en forêt sur les rochers. Enfant, j’aimais déjà ce qui était engageant, les sauts de branches, l’aérien… En Staps (ndlr : Formation universitaire des sciences et techniques des activités sportives), j’ai découvert la danse, l’expression du corps qui m’ont ensuite amené vers l’univers du cirque contemporain. Grâce à mes aptitudes physiques, j’ai pu évoluer sur l’acrobatique. Ma voie était trouvée, imprégnée par la danse escalade, inspirée par la fluidité du mouvement animal qui m’a toujours fasciné ; il est économique en énergie où la sinuosité est parfois plus efficace que la ligne droite. Après diverses collaborations, j’ai rapidement mis en place les fondements artistiques de l’univers que j’explore aujourd’hui avec la Compagnie 9,81. 9,81, c’est la constante de la gravité de Newton !
Vous revisitez la gravité…
EL : Comme tous les gens issus de l’escalade, je suis un fondu. Lorsque j’aidais les copains au saut à l’élastique, je m’amusais à approcher les piliers pour courir dessus. Artistiquement, ça m’a donné des idées ! Gamin, j’étais fasciné par les reptiles et leur mouvement. Plus tard, j’ai investi les arts plastiques, la sculpture, d’où le mélange pluridisciplinaire dans mes spectacles. Courir à la verticale sur un mur requiert énormément d’énergie, de précision ; le travail en baudrier de la technique pour aller rechercher ce moment de sustentation qui est magique. Avec 15 m de longueur de cordes, les temps de réaction sont très lents proches d’une sensation d’apesanteur. Quand on est dans ce flow là, c’est fabuleux pour l’artiste. J’ajouterais spectaculaire visuellement !
Propos recueillis par Virginie Morin Riccio
Crédit photo : Stéphane Redon