En janvier et février derniers, Thomas, Fabrice, comme des centaines de Campinois, ont été victimes de la crue de la Marne. Pour leur venir en aide, Joël, Christophe et plus de 100 autres agents des services techniques municipaux ont été mobilisés. Ils témoignent de ce qu’ils ont vécu ensemble et comment ils ont fait face…
« J'ai appris que le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité à la vaincre. »
Nelson Mandela
« Une grande solidarité »
JOËL LEMOINE
Cadre de proximité à la direction municipale de l’Environnement et du Cadre de vie
« Les riverains ont appelé la mairie. Tous les agents techniques ont immédiatement été mobilisés. On est intervenus tout d’abord rue de l’Eglise. L’eau avait pénétré dans un immeuble, les gens étaient coincés. Avec les gars, on a posé des parpaings et des planches pour leur permettre de circuler. Et on a continué rue de Musselburgh, puis quai Lucie. Les habitants étaient angoissés, à 20 cm près, ça touchait les compteurs électriques. Après 35 ans de maison, je n’avais jamais vu ça ! On se sentait désarmés devant la montée quotidienne des eaux. Chaque matin, il fallait recommencer. Pendant plus de deux semaines, 7 jours sur 7 de 7h à 20h30, toutes les équipes ont redoublé d’efforts pour assurer la sécurité de tous. Face à la détresse, il y a eu une grande solidarité de la part des agents. Des Campinois reconnaissants nous ont aidés ou offert un café pour nous réchauffer. Puis ça a été la neige et le verglas… »
« Faire face en urgence »
CHRISTOPHE BOUDET
Agent municipal de la voirie
« Face à la montée rapide de l’eau, il a fallut faire face en urgence et trouver des solutions. Tous les jours, on était à pied d’oeuvre, pour surélever les passerelles, monter des murs de sable, donner la main aux riverains hésitants. Les pieds dans l’eau toute la journée, les gars avaient froid. Une fois, on a dû sortir de l’eau une dizaine de parpaings immergés. Une véritable épreuve, avec la fatigue qui s’installe. Malgré tout, on restait déterminés… On est intervenus partout, y compris dans des résidences privées, les bailleurs et syndicats n’ayant pas pris la mesure de la catastrophe. Ainsi un jour, une habitante a pu être emmenée à l’hôpital pour sa dialyse grâce à la réactivité des équipes. Depuis, on a reçu des lettres et des mails de remerciements de Campinois. Tout cela aura peut être eu pour mérite de changer le regard des gens sur ceux qui font le service public local… »
« Une bonne coordination »
THOMAS DEGLI
Habitant de la résidence privée du 30 rue Musselburgh
« Rapidement, la Marne est montée jusqu’au parking. Certains endroits étaient immergés sous une hauteur atteignant 40 cm d’eau. Avec l’aide des agents communaux, on a réussi à évacuer toutes les voitures et on a posé des sacs de sable. Le 25 janvier, nouvel épisode : en une journée, on a été envahi par les canalisations et la chaufferie de la résidence, située en sous-sol, a été inondée : 80 foyers sans chauffage ni eau chaude. La Ville nous a livré des radiateurs électriques et a fait venir un camion pompe de l’Établissement public territorial. On a également pu prendre une douche chaude dans les vestiaires du gymnase Pascal-Tabanelli. Résidents, agents communaux, il y a eu une bonne coordination. Le 14 février dernier, l’état de catastrophe naturelle a été reconnu suite à la demande de la Ville. Nous espérons aujourd’hui être pris en charge… »
« Un soutien quotidien »
FABRICE LAROULANDIE
Habitant d’un pavillon situé quai du contre-halage
« Le 3 février, quand j’ai vu l’eau pénétrer dans la maison, j’ai eu peur mais j’ai surtout ressenti une grande rage. Car contrairement à d’autres, nous n’avons pas été inondés par la crue mais par une conséquence indirecte : la submersion du tout-à-l’égout… J’ai reçu une aide communale dès le 1er février, quand l’eau a inondé le jardin. Avec les agents, nous avons placé un carreau de plâtre le long d’une porte… Ils ont installé une passerelle et ont déposé beaucoup de sacs de sable. Mais le tout-à-l’égout a commencé à déborder. J’ai un garçon de trois ans. Avec ma compagne, nous avons décidé qu’elle l’accompagnerait chez sa grand-mère. Je ne voulais pas qu’il voit l’eau rentrer… Puis c’est arrivé. Tous les jours, je recevais la visite des agents pour s’assurer que j’allais bien et m’aider. Grâce à leur intervention et à leur soutien quotidien, j’ai pu éviter le pire. Aujourd’hui, je songe à construire une extension sur pilotis car malgré tout ça, nous souhaitons rester vivre sur les bords de Marne. C’est un endroit merveilleux. Pour un enfant, un petit paradis. »
Propos reccueillis par Sandrine Becker. Images Didier Rullier.
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