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Christophe Fonseca
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Souviens-toi du bidonville...

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Chapô
Des récits des anciens écoutés petit garçon à la réalisation d’un documentaire, Christophe FONSECA poursuit depuis 40 ans un projet collectif de mémoires vives de l’émigration portugaise. Ce fils et petit-fils d’immigrés portugais campinois a interviewé une soixantaine d’habitants de l’ancien bidonville local pour conserver et transmettre l’histoire de ces héros !
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Quand a germé l’idée du film Au-delà du silence ?
Texte

La première fois que j’ai confié ce projet, j’avais 12 ans. Plus petit, j’écoutais les adultes parler de cette époque, caché sous la table. J’ai commencé à rassembler des archives personnelles, en particulier des objets de l’ancien bidonville. Mon grand-père et mon père, qui avaient refusé de s’engager dans les guerres coloniales menées par la dictature de Salazar, y avaient vécu, à leur arrivée en France, dans les années 60. À vrai dire, j’ai longtemps cru que c’était une légende avant de visionner un vieux reportage aux Archives du Centre Pompidou. Les images étaient douloureuses. Tout est devenu réel !  Ma toute première interview a été celle de ma grand-mère, restée au pays pendant la dictature.

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Pourquoi avez-vous attendu toutes ces années ?
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J’ai passé une bonne partie de ma vie à parler des autres. Parler de moi, ça m’a pris du temps… J’ai réalisé une trentaine de films, de grands reportages et de documentaires sur l’art et sur l’histoire. J’aime plonger, me laisser aller dans des situations réelles. En parallèle ou dans le cadre de ces projets, j’ai continué à recueillir de nouveaux témoignages d’immigrés portugais avec l’idée que j’allais en faire quelque chose. Je devais attendre le temps nécessaire pour que les gens parviennent à se raconter publiquement. C’est la réalisation d’un monument hommage en 2016* par l’association Les Amis du Plateau, à l’emplacement de l’ancien bidonville, qui a tout accéléré. 

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Comment racontez-vous l’histoire du bidonville ?
Texte

Le but de ce film est de raconter l’émigration portugaise par ceux qui l’ont vécue. C’est un hommage à tous ces gens, ces héros qui ont dit « non » à la dictature et à qui on n’a pas beaucoup donné la parole. Je veux qu’ils puissent s’exprimer avec leurs mots, leurs accents. Pour ça, j’ai réalisé une soixantaine d’interviews filmées d’anciens habitants du bidonville, desriverains, de photographes. La plupart, je les connais depuis l’enfance. Ce projet est mené collectivement avec des producteurs, des passionnés et surtout Valdemar FRANCISCO, président de l’association des Amis du Plateau, gamin du bidonville. C’est entièrement ouvert à tous ceux qui veulent participer.

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Quand est programmée la sortie du film sur grand écran ?
Texte

L’objectif est que le documentaire soit prêt en avril prochain, à l’occasion des 50 ans de la Révolution des Œillets qui marqua la chute de la dictature de Salazar. La ville de Champigny a décidé de programmer des projections au cinéma Studio 66. Il y en aura aussi dans des communes alentour. Avec la pandémie il y a trois ans, le tournage a accumulé des retards. Nous avons repris seulement au printemps dernier. Pour cette dernière ligne droite, c’est un peu une course contre la montre. Tout se fait sous pression et en simultané. Il a une réelle urgence car beaucoup d’anciens sont partis déjà… 

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Quel message souhaitez-vous transmettre aux enfants de Champigny ?
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Je suis né et j’ai grandi à Champigny. J’ai fréquenté le conservatoire. Je me suis ouvert à de nombreux domaines. Même si je n’y vis plus, j’ai un lien fort avec cette ville. Certaines personnes m’ont permis de rêver un peu plus fort. On peut être enfant d’immigré et y arriver, c’est ce que j’aimerais transmettre aux enfants de Champigny. Nos aïeux sont arrivés sans rien et ils ont réussi à écrire une histoire, grâce aussi à une grande solidarité. Je suis touché par leur humilité. Ce sont des clés essentielles pour appréhender ce qu’on vit aujourd’hui… Une belle histoire à réinventer !

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* Une erreur s'est malencontreusement glissée dans l'article publié dans le magazine Notre Champigny d'octobre. En effet, le monument a été réalisé en 2016 et non 2008. 

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